La culture agile c’est la capacité à changer. (Vous devez savoir pourquoi vous voulez changer, mais une fois que vous le savez, les cultures agiles promeuvent le changement.)

Nous (en tant qu’équipes et organisations agiles) livrons quelque chose pour obtenir des retours d’informations et en tirer des connaissances. Nous utilisons ces retours d’informations et ces connaissances apprises sur ce que nous venons de réaliser pour remettre en cause nos suppositions et expérimenter avec notre (petit) lot suivant de tâches. C’est l’essence-même de la double-boucle de l’apprentissage. (Les équipes livrent des fonctionnalités, le support livrent des correctifs ou des solutions de contournement, et les responsables livrent des décisions.)

Un certain nombre de personnes et d’organisations - ne sont pas à l’aise avec le changement. Certaines organisations ont des plans pluri-annuels, se reposent sur des prévisions sans avoir de retours d’informations par rapport aux plannings des projets, et laissent les gens à la même place année après année.

Vous avez peut-être entendu parler d’entreprises qui n’ont pas réalisé qu’elles devaient changer leurs lignes produits au fil du temps (Xerox est sans aucun doute l’une d’entre elles). Vous pourriez même travailler dans l’une de ces entreprises et elles souhaitent utiliser une approche agile.

Ces entreprises ont les mêmes produits années après années. Elles semblent incapables de créer de nouveaux produits. Et, elles ne retirent pas du marché leurs anciens produits.

Peu importe si ces organisations ont des équipes de recherches ou quelque chose qui s’appelle “R&D” si l’organisation s’avère incapable de livrer quelque chose de nouveau. Bien trop souvent, ces organisations conservent les mêmes produits, les mêmes personnes aux mêmes postes prenant les mêmes décisions, année après année.

Il n’est pas étonnant que leur transformation agile fasse du sur-place. La culture de l’organisation va à l’encontre du changement organisationnel.

Une manière d’utiliser les approches agiles est de mettre en pratique de petits changements. Vous pourriez même commencer par vous-même.

Lorsque je travaille avec des responsables sur leurs transformations agiles, je leurs demande ce qu’ils peuvent changer personnellement pour obtenir des retours d’informations et pour repenser tel processus ou tel produit. Quelques fois, j’utilise le mot expérience mais pas toujours.

Un jour, un responsable m’a dit qu’il pouvait changer la manière dont il faisait son trajet pour aller de son domicile à son travail. Une semaine après, lors de l’une de nos conversations habituelles, il n’avait pas encore changé son trajet.

Il avait bien sûr des raisons, parmi lesquelles :

  • Il aimait consulter sa messagerie vocale sur son trajet et s’il changeait son trajet, il devrait prêter attention à sa conduite et non plus à sa messagerie vocale.

  • Il avait trouvé (il y a déjà huit ans !) le trajet le plus rapide. Il ne voulait pas perdre plus de temps.

  • Il oubliait de changer de trajet. Il travaillait plus par listes/en mode automatique/sans vraiment réfléchir le matin. Il avait du mal à réfléchir le matin.

Je lui ai demandé s’il voulait se faire accompagner sur ce point ou s’il voulait envisager de choisir quelque chose d’autre à changer. Il a rigolé un peu et a dit que non qu’il prendrait l’accompagnement. Il a réalisé qu’il allait apprendre quelque chose de cette situation.

Je vais vous épargner la conversation et l’accompagnement qui s’en suivit. Il a décidé d’essayer les propositions qui suivent, nous avons choisi de ne pas les appeler des expériences :

  1. Chercher trois routes alternatives, écrire la durée estimée du trajet et la durée réelle du trajet. Il devrait essayer ces différentes routes les jours d’entraînements (Lundi, Mercredi et Vendredi).

  2. Mardi et Jeudi n’étant pas des jours d’entraînements, il avait le sentiment d’avoir plus de temps que d’habitude. Pour préparer le mardi matin, il laissait le lundi soir un petit papier adhésif sur son volant disant : “Essayer une route différente. Tourner à droite en sortant de l’allée à la place de tourner à gauche”. Son petit papier adhésif de mercredi soir était un tout petit peu plus retors : “Au lieu de prendre la route départementale A, prendre la route départementale B”. Pour ses trajets du mardi et du jeudi, il était supposé écrire la durée estimée et la durée réelle.

  3. Porter des baskets pour conduire à la place de ses chaussures de ville habituelles. Je n’étais pas certaine qu’il pourrait faire cela, mais il a décidé qu’il s’agissait d’une option qu’il pourrait supporter.

Il a découvert certaines choses étonnantes :

  • Le temps de chaque nouveau trajet battait la durée de ses trajets “habituels” d’au moins deux minutes. Il n’avait pas remarqué que la construction ou la modification des routes avait accru ses temps de trajet de 10 à 15 minutes au cours de ces 8 dernières années. Lorsqu’il a recherché et essayé d’autres alternatives, il a découvert qu’il n’allait pas plus vite.

  • Il ne pouvait pas quitter son domicile en baskets. Cela lui était tout bonnement impossible. Il devait porter ses chaussures de ville.

Voici le problème. Si nous voulons une culture agile de la collaboration et de l’expérimentation, nous devons apprendre à embrasser le changement, faire des expériences et se créer de nouvelles possibilités.

L’expérience de ce responsable avec des temps de trajet - pas sur des produits, pas sur la manière dont il prend des décisions au travail, juste des trajets - l’a aidé à avoir qu’il y avait davantages d’alternatives que ce qu’il pouvait imaginer à l’origine. Il a appris la valeur des expériences et de la collecte d’informations. Il a appris à remettre en question ses suppositions.

Et, il a appris combien le changement peut être difficile. Il a vécu le modèle Satir du changement cette semaine. (Lisez donc “Scaling” Agile, Part 6: Creating the Agile Organization1 pour une explication plus complète sur ce modèle du changement.)

Les équipes mettent déjà en pratique le changement lorsqu’elles finissent un item et passent à l’item suivant du backlog. Les responsables peuvent mettre en pratique le changement de différentes manières, mais presque toujours à travers des expériences.

Lorsque vous faites des expériences, plus particulièrement les petites, des expériences sans risques, vous pouvez mettre en pratique le changement et devenir doué pour ça. Chaque expérience minimise le risque.


Liste des articles de la présente série


Auteurs : Johanna Rothman
Source : Agile Transformation: Practice Change, Part 2
Date de parution originale : 22 Février 2018


Traducteur : Nicolas Mereaux
Date de traduction : 12/04/2018


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