Mon prochain exercice dans la série “Des rétrospectives ennuyeuses” est la chronologie inversée.

Il s’agit d’une version modifiée d’un exercice classique de collecte de données appelé “Chronologie”.

Il s’agit d’un exercice permettant de reconstruire ce qui s’est passé lors de l’itération précédente. Je l’utilise aussi pour les rétrospectives des projets, là où c’est le plus difficile de se rappeler de ce qui a bien pu se passer pendant un projet.

Pendant cet exercice, nous prenons le temps de lister tous les évènements dans l’ordre chronologique, afin que nous puissions en faire usage lors de l’étape suivante de la rétrospective qui est “Générer des perspectives”.

Parce que la reconstruction du déroulement d’une itération (ou d’un projet) est sujet à notre propre interprétation, j’applique une technique qui nous empêchent de sur-simplifier ou de tordre les faits.

Il s’agit d’une technique utilisée souvent par les inspecteurs de police lorsqu’ils interrogent des suspects. Ils demandent au suspect de reconstruire leur histoire ou leur alibi dans l’ordre inverse. Il s’avère apparemment impossible de maquiller les faits lorsque l’on raconte une histoire dans l’ordre inverse. Je ne dis pas que les personnes ont tendance à mentir lors d’une rétrospective, mais qu’elles ont tendance à raconter une histoire basée sur leur propre interprétation de la vérité.

Cette technique peut nous protéger de l’erreur narrative décrite par Nassim Taleb dans son livre Black Swan :

Cette erreur est liée à notre travers pour la sur-interprétation et pour notre préférence à avoir des histoires courtes plutôt que des vérités brutes. Elle déforme notre représentation mentale du monde ; elle est particulièrement précise lorsqu’il s’agit d’un évènement inhabituel. L’erreur narrative cherche à compenser notre capacité limitée à chercher une séquence dans les faits sans avoir à les expliquer, ou, autrement dit, forcer un lien logique entre eux. Les explications lient les faits ensemble. Cela les rends plus facile à se souvenir. Là où cette propension s’avère fausse c’est lorsqu’elle augmente notre impression de compréhension.

En le disant avec mes propres mots (et selon mon expérience :-)) cela veut dire que pour être capable de se souvenir de tous les faits d’un projet ou d’une itération, nous essayons inévitablement de les interpréter et de les simplifier. Nous les lions à notre vision du monde, que cela s’avère correct ou non.

Si nous reconstruisons notre chronologie à l’envers, cela s’avèrera beaucoup plus difficile.

chronologie inversée

 

Ne soyez pas effrayez par l’idée. D’après mon expérience cela semble plus naturel et aussi plus facile de commencer par des évènements toujours frais en mémoire.

Faites donc un essai. Au pire des cas, vous aurez au moins eu une rétrospective qui n’aura pas été ennuyeuse.


Auteur : Nick Oostvogels
Source : Boring retrospectives - part 6
Date de parution originale : 10 Octobre 2011


Traducteur : Nicolas Mereaux
Date de traduction : 27/03/2017


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