Pour moi, le développement en binôme va de soi. C’est plus amusant que de travailler tout seul, et vous bénéficiez d’une partie du savoir collectif mais sans les réunions inefficaces et sans les contrôles qualités qui nous passent au-dessus de la tête qu’une méthode apporte habituellement.

Pour la plupart des gens le développement en binôme va avec XP. À la conférence OOPSLA de 1993, Ward Cunningham me parlait avec passion du développement en binôme. Je discutais aussi avec Paul Chisholm qui l’utilisait. Avec moi et mon expérience, nous étions trois. Trois occurrences font un pattern, que je couchais par écrit après la conférence. Le pattern fut publié lors de la première conférence sur les patterns en août 1994.

Laurie Williams entra en contact avec moi en 1998 pour me demander une idée pour un sujet de doctorat. Je lui suggérais le développement en binôme, et son travail par la suite conduisit à un livre sur le travail en binôme (co-écrit avec Robert Kessler) en 2002.

Puis en 2011, Joe Dager me posa la question sur les origines du développement en binôme de la part de Karen Martin, qui avait retracé les origines du développement en binôme à P. J. Plauger (cela étonnait Joe que l’origine remonte aux années 1970). Alors j’ai lancé quelques recherches en août de cette même année. Le 27 août Trygve Reenskaug répondit :

Anne Lise Skaar et moi avons fait un gros projet (75 000 lignes de code Smalltalk) combinant du développement académique et du développement en binôme vers le milieu ou la fin des années 80. L’expérience fût relatée lors d’un exposé à la conférence OOPSLA de 89. Nous avons travaillé ensemble en face d’un seul écran pendant plus d’une année, voire pendant presque deux … Ward Cunningham et Kent Beck étaient également mentionnés dans cet exposé.

Dans une réponse reçue de Ed Yourdon le même jour, la rumeur P. J. prenait de l’ampleur :

Si quelqu’un dans mon ancienne entreprise, YOURDON Inc, mérite un quelconque crédit, ce serait bien P.J. Plauger. Il fût l’instrument qui me persuada de faire entrer UNIX dans notre entreprise (dont la licence à l’époque coûtait $10 000, une somme d’argent que Plauger prêta à l’entreprise sans aucun intérêt !). Et même les terminaux qui ressemblaient à des machines à écrire coûtait $ 3 000 – donc nous ne pouvions nous permettre d’en acheter beaucoup.

Cela a forcé les développeurs à travailler ensemble sur un Teletype. Mais ce qui fit tout bousculer fût cette réponse de Jerry Weinberg plus tard dans la journée :

J’ai appris le développement en binôme (sur papier - dans les années 50, nous n’avions même pas de terminaux) à Los Angeles de Bernie Dimsdale, qui l’avait lui-même appris de John von Neumann. Je ne sais pas s’il y a eu une histoire avant cela, mais cela remonte à Aberdeen Proving Grounds1 dans les années 40.

Il y eût quelques réponses d’une teneur différente. Ce même jour Brian Kernighan écrivait :

Je n’ai aucun souvenir d’une quelconque histoire de développement en binôme, et je n’ai certainement aucun rapport avec. Je plaide définitivement non coupable.

Ce que me confirma Doug McIlroy le lendemain :

Je ne suis pas familier du “développement en binôme” en tant que concept formel, mais s’il se réfère au fait d’avoir deux pairs d’yeux sur chaque morceau de code, il ne pourrait s’appliquer qu’à une toute petite partie du code d’Unix, Ken et Dennis était un binôme de développeurs, mais ils se répartissaient le travail.

La nuit dernière après quelques bières, j’ai appris l’existence d’une “nouvelle” variation sur ce thème appelé le développement collectif de Woody Zuill. C’est une bonne idée et beaucoup de personnes sont en train de l’adopter. Elle, aussi a une histoire. Je me rappelle que Joe Davison, Ricky Spiece et Martin Biernat faisaient déjà cela dans les années 1990.

Le binôme, c’est génial et ce n’est pas nouveau. Je suis certain qu’Ada et Charles le pratiquait en 1843. Apprenons à binômer et amusons-nous.


Auteur : Jim (“Cope”) Coplien
Source : Two Heads Are Better than One
Date de parution originale : 09 Mars 2015


Traducteur : Nicolas Mereaux
Date de traduction : 30/07/2015


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  1. Aberdeen Proving Grounds - terrain d’essai de l’armée américaine